Définition et caractéristiques des vêtements non genrés
Un chiffre brut pour commencer : en 2015, la Fashion Week de Londres a réuni pour la première fois des créateurs sans séparation entre collections homme ou femme. Tandis que certaines marques s’affranchissent désormais de toute mention genrée sur leurs étiquettes, d’autres persistent à trier les rayons avec application. Rien n’oblige, sur le plan législatif, à catégoriser les vêtements par genre : la réglementation européenne laisse le secteur libre d’interpréter la neutralité à sa guise. Résultat, les tendances actuelles fissurent les anciennes frontières et invitent à repenser nos codes vestimentaires.
Plan de l'article
La mode non genrée : au-delà des codes traditionnels
La mode non genrée s’affirme aujourd’hui comme un terrain d’audace où la distinction masculin-féminin ne s’impose plus. Sur les podiums, on croise des silhouettes inspirées de figures comme David Bowie et Tilda Swinton, adeptes d’un style choisi pour la liberté qu’il procure bien plus que pour son ancrage dans une catégorie. À Paris ou Londres, le look androgyne s’affiche sans équivoque : vestes droites, chemises larges, lignes franches, matières inattendues.
Mouvement de fond, la mode unisexe remet en question les anciens clivages et propose des alternatives concrètes. Des créateurs et des artistes médiatisés refusent l’assignation, inventant des collections libérées des étiquettes. Le vestiaire s’adresse à toute la diversité des expressions de genre : les personnes non binaires en font partie, mais la mode non genrée s’adresse tout autant à celles et ceux qui souhaitent s’émanciper des catégories traditionnelles. Pants larges, coupes droites, chemises oversized, la diversité des formes sert ce parti-pris d’ouverture.
En France comme au Canada, certains collectifs de créateurs s’engagent publiquement pour une mode plus inclusive où la segmentation homme/femme n’a plus sa place dans les rayons. Les repères binaires perdent du terrain : des campagnes affichent l’expression de genre fluide, l’inclusivité LGBTI gagne même le monde du travail. Ce n’est pas un phénomène nouveau : dans les années 1920 déjà, femmes et hommes échangeaient costumes et tailleurs, repoussant la frontière entre les genres. Chaque époque réinvente la question de l’appartenance à travers le vêtement.
Qu’est-ce qui distingue vraiment un vêtement non genré ?
Contrairement aux vêtements assignés, ceux pensés comme non genrés s’affranchissent de tous les marqueurs typiquement associés à la masculinité ou à la féminité. Les codes volent en éclats : la coupe compte plus que l’appartenance à un rayon. On pense immédiatement à des pantalons amples, des chemises droites ou encore à des sweats oversize, conçus pour s’ajuster à de nombreuses morphologies. Dans ce style androgyne, ce n’est plus la tradition qui décide, mais bien le confort, la praticité et l’expression de soi.
Le choix des couleurs et des motifs suit cette même logique. Il n’y a plus de frontières : les pastels, tout comme les teintes foncées, s’invitent indistinctement dans les collections. Les accessoires, eux aussi, se défont des signaux : une montre large ou une boucle d’oreille longue ne suffisent plus à attribuer un genre.
Du côté des matières, place à la mixité : la recherche du confort, de la souplesse, de la durabilité s’impose. Le style neutre, autrefois réservé au bleu de travail, s’expérimente aujourd’hui dans des tissus techniques empruntés au sportswear ou inspirés de l’uniforme. Les vêtements non genrés ne présupposent ni silhouette type, ni identité prédéfinie : chacun-e peut s’y reconnaître sans avoir à se justifier.
On remarque aussi une transformation sur le terrain des tailles. Certaines marques innovent et proposent des grilles pensées pour sortir des standards « homme » ou « femme », laissant davantage de liberté à chacun pour trouver la coupe qui lui convient. Porter un vêtement non genré revient ainsi à choisir une visibilité différente, et à revendiquer une identité qui échappe à la grille classique.

Conseils pour adopter facilement des pièces unisexes au quotidien
Envie de faire évoluer votre garde-robe ? Optez d’abord pour une pièce forte : pantalon coupe droite, chemise oversize, sweat ample. Ces vêtements ont la particularité de convenir à plusieurs corporelles et s’imposent naturellement comme des indispensables, quelle que soit l’identité de genre. Privilégiez des couleurs sobres ou des motifs discrets pour leur polyvalence.
Pensez aussi à travailler la superposition. Une veste d’atelier, un tee-shirt blanc et un pull col rond deviennent la base parfaite pour construire un look androgyne et dégagé, sans effort. Pendant la saison froide, le jeu des couches multiplie les possibilités ; à la mi-saison, variez les matières et testez les textures.
Le choix du magasin compte également. Plusieurs griffes se sont engagées sur le terrain de l’inclusion et proposent une production attentive à l’éthique et à la diversité des formes. Que ce soit du côté des grandes maisons ou chez les labels indépendants, le marché grandit et casse les codes en pari sur la durabilité.
Pour faciliter l’intégration de ce vestiaire dans votre quotidien, voici quelques pistes qui font la différence :
- Essayez plusieurs tailles sans vous fier à l’étiquette : c’est la coupe et le ressenti qui priment, non la dénomination sur l’étiquette.
- Sélectionnez des accessoires minimalistes : bijoux discrets, sacs simples, baskets ou chaussures plates conviennent à toute identité.
- Intégrez des pièces uniques dénichées en atelier local ou en friperie : ce sont souvent ces trouvailles qui donnent le ton et portent l’originalité tout en s’inscrivant dans une économie solidaire.
Revendiquer le non genré dans sa manière de s’habiller, c’est faire du vêtement un manifeste silencieux. Ce geste simple devient alors la preuve tangible qu’aucune catégorie ne suffit à contenir la pluralité des identités.